Un enjeu vital pour la Suisse et pour l’humanité
La Suisse, en particulier Genève, incarne depuis des décennies une diplomatie fondée sur la neutralité, l’écoute et la médiation. Ce rôle d’État hôte ne relève pas d’un hasard institutionnel mais constitue une part essentielle de son identité internationale. Genève, mais aussi Berne, Vaud ou Bâle, accueillent des dizaines d’organisations internationales, ONG, agences onusiennes et instances de dialogue qui font du pays l’un des derniers bastions vivants du multilatéralisme global.
Cependant, cette position est aujourd’hui en péril. Les stratégie économiques et politique notamment en provenance des États-Unis sous forme de coupes budgétaires, affectent gravement le bon fonctionnement de nombreuses organisations internationales. À Genève comme ailleurs, cela se traduit par des licenciements, des départs, des démantèlements progressifs de programmes essentiels pour les populations les plus vulnérables du monde.
Ce désengagement progressif est lourd de conséquences : en premier lieu, il affaiblit la capacité de réponse coordonnée face aux grandes crises humanitaires, climatiques et sanitaires. Ensuite, il fragilise l’ordre fondé sur le droit international, qui est la seule alternative rationnelle à la loi du plus fort. Or, ce droit international – fruit de décennies de travail, d’équilibres et de compromis – est aujourd’hui mis à mal, non seulement par les attaques extérieures, mais aussi par l’indifférence croissante de certains acteurs politiques.
Face à cette crise du multilatéralisme, la Suisse a un rôle fondamental à jouer. Son image, sa tradition de neutralité, sa stabilité, son expertise diplomatique, mais aussi son ancrage humaniste profond, en font une nation clé pour défendre une gouvernance mondiale fondée sur la justice, l’équité et la paix.
Mais cela ne suffira pas. Il faut agir vite et avec lucidité. La dynamique actuelle de désengagement est rapide. Des pays tiers, parfois plus autoritaires, cherchent à récupérer les agences internationales quittant Genève pour les attirer sur leur sol, dans des conditions économiques avantageuses mais aux dépens des valeurs fondamentales d’indépendance, de transparence et de droit.
Si nous laissons faire, nous laisserons aussi disparaître, dans le silence, des instruments essentiels au progrès humain, et des espaces de dialogue qu’aucune autre structure ne pourra remplacer.
Le Grand Maître Christophe Ravel, réponds sur la question lorsqu’on l’interroge :
« À ce titre, la Franc-maçonnerie humaniste ne peut rester indifférente. L’ordre international fondé sur le droit, la promotion de la paix, la coopération entre les peuples sont des valeurs que nous avons toujours défendues.
Le Grand Orient de Suisse, dans la continuité de cet engagement, réaffirme son attachement profond à la Genève internationale, au rôle d’État hôte de la Suisse, et à la nécessité impérieuse de protéger, renforcer et moderniser les institutions multilatérales.
Nous appelons tous les citoyens, les institutions et les décideurs à se mobiliser pour trouver les ressources nécessaires pour poursuivre l’œuvre entamée. Il est encore temps de préserver ce qui fut construit par tant de générations au service de l’humanité. »
En effet, nous ne pouvons pas, en tant que citoyens du monde attachés à l’éthique et au droit, accepter que seule la loi du plus fort gouverne les relations internationales. Le temps est venu d’ouvrir un débat lucide et exigeant sur la place du droit, de la justice et de l’équité dans un monde en mutation qui plus que jamais à besoin d’éthique.