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Le Grand Orient de Suisse honore Hanna Assouline, lauréate du Prix de l’Engagement Humaniste 2025

« La paix n’est pas un rêve, c’est une responsabilité. Et chacun de nous en détient une part. » 

Hanna Assouline

Le 17 octobre 2025, à Genève, le Grand Orient de Suisse (GOS) a célébré la deuxième édition du Prix de l’Engagement Humaniste, une distinction annuelle qui honore celles et ceux dont l’action incarne concrètement les valeurs humanistes, universalistes et fraternelles. Cette année, la distinction a été remise à Madame Hanna Assouline, réalisatrice, écrivaine, militante pacifiste et fondatrice du mouvement Les Guerrières de la Paix, pour son engagement courageux et lucide en faveur du dialogue entre Israéliens et Palestiniens, et pour sa défense inlassable d’une paix juste, inclusive et durable.

Photo du Prix

Sous le haut patronage du Grand Orient de Suisse, la cérémonie s’est ouverte sur les mots de Laurent F., qui a rappelé la signification profonde du terme humanisme : placer l’être humain au centre de toute action, défendre la dignité, la liberté, la tolérance et le respect, et, dans la perspective maçonnique, y ajouter la fraternité. Face à un monde où « vingt conflits sont ouverts, où cent quarante-huit millions d’êtres humains sont déplacés et près de cinquante millions réfugiés », il a souligné que ce prix est une réponse à la fatalité, un rappel que chaque action compte.

« Les Guerrières de la Paix, a-t-il déclaré, incarnent ces valeurs en redonnant sens à la parole libre, non conformée et bienveillante. Dans un monde où les mots se durcissent, elles prouvent qu’il est encore possible d’écouter l’autre sans renoncer à soi. »

Le Très Respectable Grand Maître du Grand Orient de Suisse, Christophe Ravel, a ensuite ouvert la cérémonie par un discours empreint de gravité et d’espérance. Il a rappelé que le Grand Orient de Suisse, obédience libérale et adogmatique, œuvre depuis sa création à faire vivre les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de progrès de l’humanité, au-delà des temples, dans la société tout entière. « Nous croyons, a-t-il affirmé, que la pensée n’a de valeur que si elle se transforme en action, et que le travail sur soi n’a de sens que s’il contribue à l’élévation de l’humanité. »

Évoquant le choix de distinguer cette année une personnalité œuvrant pour la paix, il a souligné que ce thème, plus que jamais, devait redevenir une priorité collective. « Dans un monde où les cris l’emportent souvent sur les mots, où la division prend parfois le pas sur la raison, nous avons choisi d’honorer celles et ceux qui retissent les liens, apaisent les tensions et construisent des ponts entre les peuples. »

La projection du film « Résister pour la paix » d’Hanna Assouline et Sonia Terrab a ensuite été offerte aux nombreux participants.

La soirée a ensuite donné la parole à Hanna Assouline, très émue, qui a livré un message d’une rare intensité. « Nous vivons une époque où la peur a remplacé la nuance. Le bruit des armes et celui des opinions extrêmes saturent tout. Entre les deux, il reste les silences, les respirations, les gestes minuscules qui font la paix. C’est là que nous travaillons », a-t-elle déclaré.

Elle a insisté sur la distinction essentielle entre la cessation des combats et la véritable paix : « Il faut différencier le cessez-le-feu, la libération d’otages et un plan de paix. Arrêter les combats est vital, mais la paix, elle, est un projet de société, un horizon partagé. »

Revenant sur les efforts diplomatiques récents, elle a salué la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, « un acte de justice qui envoie un message de dignité à un peuple trop longtemps privé de reconnaissance ». Elle a ajouté : « La reconnaissance n’efface pas les obstacles, mais elle dessine un horizon. Et c’est aussi, paradoxalement, une garantie pour Israël : celle de sa sécurité à long terme. »

Tout au long des échanges, Hanna Assouline a livré une analyse à la fois politique et humaine des blocages actuels. Elle a dénoncé la tendance à nier les asymétries entre les deux peuples : « On ne peut pas demander la même forme de mobilisation à ceux qui vivent sous occupation et à ceux qui vivent dans un État. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de voix palestiniennes pour la paix. Elles existent, elles parlent, même sous les bombes, mais on ne les entend pas. »

Elle a aussi mis en garde contre la polarisation du débat en Europe : « Nous importons ici des haines qui ne nous appartiennent pas. Il faut apprendre à parler du Proche-Orient sans s’y enfermer. La paix, ce n’est pas choisir un camp, c’est refuser la haine des deux côtés. »

Le thème de l’éducation, cher à son cœur, a également été au centre de son propos : « La paix commence dans les livres. Il faut enseigner la mémoire de l’autre. En Israël, parler de la Nakba reste tabou. Côté palestinien, certains récits entretiennent la douleur. Mais la vérité ne menace personne, elle libère. »

Répondant à une question sur le rôle des femmes dans les processus de paix, elle précise que : « Les femmes ne sont pas meilleures que les hommes, mais elles sont souvent plus proches du concret. Elles savent ce que la guerre détruit, elles savent ce qu’il faut reconstruire. Elles ne parlent pas d’idéologie, mais de vie. Il y a peut-être une sensibilité supérieure du fait que c’est elle qui donne la vie

Et de conclure : « Nos larmes ont la même couleur. Nos souffrances ne s’opposent pas, elles s’additionnent. Reconnaître la douleur de l’autre, c’est commencer à guérir soi-même. »

Le mouvement qu’elle a fondé, Les Guerrières de la Paix, porte cette vision. Né en 2022, il rassemble des femmes juives, musulmanes, chrétiennes et athées autour d’un engagement commun : « refuser les injonctions à choisir un camp de haine contre un autre ». À travers des forums internationaux, des programmes d’éducation, des projections-débats et un plaidoyer soutenu auprès des institutions européennes, le mouvement fait émerger une troisième voie – celle du courage, de la nuance et du dialogue.

La soirée s’est achevée sur le discours de clôture du Grand Maître Christophe Ravel, qui a rappelé que la franc-maçonnerie n’est pas un refuge abstrait, mais une force morale au service du monde. Il a salué la qualité des échanges et la sincérité du témoignage de la lauréate, avant d’évoquer le rôle que doit jouer le Grand Orient de Suisse dans la construction de la paix.

« Œuvrer pour la paix, c’est notre mission, a-t-il déclaré. Non pas une paix naïve ou silencieuse, mais une paix lucide, bâtie sur la vérité, la justice et la fraternité. Notre engagement n’est pas celui d’un instant ; c’est un devoir permanent. »

Dans une démarche symboliquement forte, il a annoncé avoir sollicité plusieurs Passés Grands Maîtres pour travailler ensemble à une réflexion commune sur le thème de la paix et du dialogue entre les peuples, un texte collectif qui sera mis à disposition des membres du Grand Orient de Suisse sur l’intranet de l’Obédience.

« Ce travail partagé, a-t-il précisé, n’a pas pour ambition d’ajouter un texte de plus à nos archives, mais d’offrir une boussole. Une boussole fraternelle dans un monde déboussolé. »

Le Grand Maître a cité les mots des Passé Grand Maîtres dont deux étaient présent dans la salle : Retenons que « La paix n’est pas une absence de guerre, mais la construction patiente d’un espace commun où la peur recule. » et « Ce qui relie les hommes, c’est la confiance. Et la confiance ne se décrète pas, elle se tisse. »

Puis il a conclu :

« Les valeurs que nous portons ici sont largement partagées par nos Frères et Sœurs du monde entier. La franc-maçonnerie universelle est unie dans ce combat pour la paix et la dignité humaine. Ce soir, nous en avons fait la démonstration : par la pensée, la parole et l’action. »

En honorant Hanna Assouline et son mouvement Les Guerrières de la Paix, le Grand Orient de Suisse a non seulement célébré une femme d’exception, mais rappelé que la paix n’est pas un rêve lointain : c’est une responsabilité collective, une œuvre commune que chacun peut nourrir, dans ses paroles comme dans ses actes.

Ce prix, par la force du symbole qu’il porte, inscrit le Grand Orient de Suisse dans une tradition vivante de maçonnerie engagée, fidèle à son idéal : Sagesse, Force et Beauté – Ensemble pour le progrès de l’Humanité.