Nous signons des traités d’amitié entre Obédiences et cela nous semble à la fois utile, voire nécessaire et, dans tous les cas souhaitables.
Le concept même du traité d’amitié peut cependant paraître quelque peu étrange puisque la Franc-Maçonnerie repose sur le principe intangible de la fraternité universelle. L’élaboration de traités d’amitié semblerait donc relever d’une certaine tautologie.
Les traités d’amitié
Pourtant, ces traités d’amitié vont au-delà de ce formalisme apparent. Ils sont en effet centrés sur l’idée de coopération entre des Obédiences qui s’inscrivent dans un profil commun notamment dans le contexte d’enjeux spécifiques.
Ils offrent aussi la voie au renforcement de liens inter obédientiels dans un cadre de coopération ciblée.
Les liens se trouvent ainsi renforcés, consolidés. Au niveau des Obédiences, certes, mais aussi, par ricochet, au niveau des Loges et des membres qui les composent.
Les traités peuvent aussi servir de cadre pour défendre les valeurs maçonniques face à des menaces extérieures ou pour promouvoir l’idéal maçonnique dans la société.
En outre, ils évitent d’éventuelles situations conflictuelles et permettent de régler de possibles malentendus.
En tout cela, les traités d’amitié se présentent comme des outils importants pour la Franc-Maçonnerie, permettant de renforcer les liens fraternels, de favoriser la coopération et de préserver la diversité tout en promouvant les valeurs maçonniques fondamentales.
Il va de soi que les traités d’amitié ne peuvent être signés qu’entre deux Obédiences libérales. Aucune d’entre elles, en effet, ne peut tisser des liens et a fortiori signer un quelconque traité avec une Obédience relevant de la sphère de la Grande Loge Unie d’Angleterre.
Ceci dit, les traités d’amitié sont parfois considérés, à tort semble-t-il, comme un doublon d’organismes maçonnique faîtiers comme le CLIPSAS, le CLIMAF ou l’AME. En effet, ces organismes faîtiers se présentent plutôt comme des clés de reconnaissance interobédientielle et leur création a permis d’éviter le cloisonnement maçonnique. Au même titre d’ailleurs que les Obédiences permettent de fédérer des Loges qui, sans elles, ont ce statut particulièrement fragile de Loges indépendantes.
Les garants d’amitié
Après la signature d’un traité d’amitié entre deux Obédiences, des « garants d’amitié » sont nommés afin d’entretenir les relations privilégiées tout au cours de leur mandat.
Il appartient au Conseil de l’Ordre de procéder à cette nomination. La désignation d’un garant d’amitié repose le plus souvent sur un lien privilégié qu’un membre d’une Loge (nécessairement un Maître) entretient avec l’autre Obédience à titre personnel ou parfois même au titre d’une double appartenance.
Les garants d’amitié des deux Obédiences concernées sont appelés, le plus souvent à l’occasion d’un Convent, à co-signer les traités avec les Grands Maîtres et les Grands Chanceliers en exercice.
Les Obédiences signataires d’un traité d’amitié sont mutuellement tenues de notifier les nécessaires mutations des garants d’amitié notamment en cas de décès ou de démission.
Le Grand Orient de Suisse, a, depuis sa fondation en 1959, signé des dizaines de traités d’amitié avec plusieurs Obédiences d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. Or, on sait que beaucoup d’Obédiences disparaissent et que beaucoup d’autres sont fondées au fil du temps.
En conséquence, il est hautement souhaitable que chaque Obédience mette régulièrement à jour la liste des traités d’amitié eux-mêmes aussi bien que celle des garants d’amitié.